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Exposition : 7 avril au 2 juin 2018

 

Artistes : Joeun Aatchim, Yen-Chao Lin, Curtis Talwst Santiago, Sahar Te,

Couzyn van Heuvelen

 

Conçue et organisée par : Atelier Céladon (Hera Chan, Thy Anne Chu Quang,

Kate Whiteway)

Il a été porté à notre connaissance que les correspondances à l’intention de vos bien-aimés ne se rendaient pas à leur destination. Les ébauches que vous avez écrites pour vous faire connaître se sont peut-être avérées déformées, mal adressées, inachevées, ou même finalement rejetées. Est-ce le langage commun qui a changé au cours de la rédaction ? Des portraits de langues médiocrement esquissés, envoyés sans adresse de retour ? Peut-être que la personne à qui elles sont destinées n’a jamais été clairement indiquée. C’est une histoire amorcée par un murmure qui se termine en éclats de rire. Dans les gestes que nos mères ne nous ont jamais appris, nous nous défaisons de la réglementation des langues coloniales. La clandestinité du bouche-à-oreille – les mots au creux de nos mains, murmurés dans la crainte qu’ils parviendraient à des oreilles malhonnêtes – prend la chair d’une folie.

Title. Double 

 

 

Objets perdus au bureau des lettres mortes : un élixir de vie pour un homme distingué sur son lit de mort, une canette perforée contenant des serpents à sonnette en vie, un obélisque miniature découpé de l’écorce d’un séquoia californien, un rouleau de beurre allemand avec une boîte de diamants au centre, des chaînes de lettres sans fin. Alors que l’industrialisation des villes embrasse le désir du public de communiquer, une faction des services postaux naît avec le but de traiter les correspondances manquées. Ces bureaux des lettres mortes devinrent les dépositaires d’un avenir destiné. Des capsules temporelles sans issue, agissant comme nœuds au coeur d’un réseau de communication alternative où l’histoire de chaque message et objet est réécrite par les travailleurs de la poste.

 

Le 13 juillet 1935, The Spokesman-Review rapporte de Washington qu’entre deux et trois millions de lettres-chaînes sont détenues dans les bureaux des lettres mortes à travers les États-Unis. Un outil de résistance utile pour inciter le sabotage en Allemagne occupée ainsi qu’une méthode efficace pour retrouver ses proches disparus, la capacité qu’ont les lettres-chaînes de forger des réseaux intentionnels et pourtant anonymes les ont vite rendues illégales. Désormais, Postes Canada désigne les lettres-chaînes comme étant des articles interdits, ou encore des objets inadmissibles. La lettre-chaîne est à la fois personnelle, empirique, inhérente à la diaspora, et indubitablement incendiaire. Voltigeant à travers les interstices du système pour tisser des liens officieux, la migration devient virale.

 

Les économistes nous disent que les familles migrent pour des raisons purement économiques. Un pilier du projet de loi anti-migratoire du cabinet de Trump est de « mettre fin à la migration en chaîne », la réunification familiale étant dépeinte comme système pyramidal. Le désir est plafonné par un bilan comptable. La peur est fondée sur un réseau exponentiel d’étrangers communs qui conçoivent leurs nids à partir de différences culturelles. Il y avait des murmures à propos de l’arrivée de ces étrangers communs venant de terres lointaines, définies par des créatures mythiques et des eaux les plus profondes. Au départ, els cherchaient à se cacher en plein jour. S’exprimant sans employer le langage du pouvoir, els énoncaient des tonalités. Els organisèrent leur disparition. Els rirent au nez de leurs oppresseurs.

 

Quand j’écris, j’essaie de me représenter au moment de sa future réception, de la note de l’avenir devant affronter des restrictions sur l’importation et un voyage turbulent. Je chuchote auprès d’un chêne pour que son secret soit entendu dans 49 ans. Des écolières dans l’ancien Tanganyika relâchèrent un ricochet de fous rires qui brisa la surface d’un lac. Sans aucune provocation, il voyagea rapidement à travers les régions avoisinantes. En 1962, quatorze écoles ont été fermées au cours de l’emprise du fou rire qui dura plusieurs mois. Les experts de gélothérapie nommèrent cet incident comme étant une psychose collective, une contre-attaque d’un individu transformée en affect collectif. Le corps qui réfute. Afin de trouver un recours pour le message qui ne peut s’exprimer, nous proposons un système d’acheminement intraçable reliant ceux qui se cherchent des amis dans la lutte. Du 7 avril au 2 juin 2018, les étrangers communs pourront retrouver leurs non-distribuables à l’intérieur même du bureau des lettres mortes situé à la galerie d’art contemporain SBC. Libérez-vous par la folie.

 

BIOGRAPHIES DES ARTISTES

ÉVÉNEMENTS

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