Toute bonne chose doit commencer
une conversation entre Audre Lorde et Octavia E. Butler
Sepake Angiama en résidence, janvier 2018
Elle se trouve dans son moment particulier de la création, de la narration et de l’hibernation. Quand la couverture sombre de la nuit révèle lentement le jour avant de filer à nouveau sous la couverture. Tissant les mots ensemble pour faire des associations nouvelles, des sens nouveaux. Elle devient profondément inquiète pour ses semblables. Lors de son séjour à Montréal, elle aspire à rencontrer un lieu dédié au self-care et à rassembler des femmes de toutes sortes. Trouver une confluence d’idées entre pensées Autochtones et non-Autochtones. Ses pensées se hâtent, tandis qu’elle essaye d’imaginer un lieu pour le self-care, pour la profération des pensées intérieures et pour les sentiments faits publics. Le Moderne avait échoué à trouver une solution à l’intérieur de son architecture pour parler du futur, pour créer un public social, il a créé en son lieu un certain acte cannibalisant. La consommation de la voix de soi-même, mais encore la consommation de l’autre. Le social semblait appartenir seulement au média, au non-engagement de la présence dans un même lieu de temps et d’espace. Une première phase pour penser le temps différemment. Mais leurs voix se sont perdues. Cachées du monde extérieur et profondément ensevelies dans l’obscurité de la toile. Elle doit trouver leurs voix à nouveau pour créer un conseil et l’installer dans une écologie partagée. Un conseil entre celles.ceux qui sont passé.e.s, présent.e.s et à venir. Elle sollicite le conseil de ces femmes qui avaient tissé le verbe pour montrer des possibles futurs, pour nous éveiller de nos réalités quotidiennes. Celles qui avaient trouvé une consolation en trouvant leurs voix pour s’inscrire elles-mêmes dans le récit.
Toute bonne chose doit commencer: une conversation entre Audre Lorde et Octavia E. Butler prend place à la galerie SBC. C’est un espace dédié à la lecture, à l’écriture, aux projections, à la réflexion et à la conversation autour des thèmes du féminisme intersectionnel, de l’architecture moderniste et de la science-fiction. Cette initiative constitue un pan de Her Imaginary, un projet de recherche mené par Sepake Angiama à BAK (basis voor actuele kunst).
Toute bonne chose doit commencer, vue d'installation. Crédit: Paul Litherland
Toute bonne chose doit commencer, vue d'installation. Crédit: Paul Litherland
Événement: Qu'est-ce qui reste? Crédit: Alex Robichaud
Toute bonne chose doit commencer, vue d'installation. Crédit: Paul Litherland
ÉVÉNEMENTS
BIO
Sepake Angiama est une commissaire et éducatrice dont les intérêts se situent dans les pratiques discursives, leur cadre social et les manières dont nous configurons et formons notre expérience de la compréhension du monde. Cela l’a inspirée à travailler avec des artistes qui perturbent et provoquent des aspects de la sphère sociale à travers l’action, le design, la danse et l’architecture. En tant que Directrice de l’éducation à documenta 14, elle a initié le projet Under the Mango Tree: Sites of Learning en coopération avec ifa (Institut für Auslandsbeziehungen). L’événement a rassemblé des espaces dirigés par des artistes, des bibliothèques et des écoles autour de leur intérêt partagé pour le déploiement de discours et de pratiques décolonisantes en éducation. Le travail de la déstabilisation du canon européen y a pris forme à travers l’examination d’épistémologies alternatives, des notions de désapprentissage et de la connaissance autochtone. Angiama a également été Directrice de l’Éducation à Manifesta 10 au Hermitage Museum à Saint-Petersburg. Elle est actuellement chercheure associée à BAK, Utrecht (basis voor actuele kunst) où elle aborde à travers son projet de recherche, Her Imaginary, les manières dont science-fiction et féminisme peuvent constituer les outils parfaits pour capturer une pédagogie de l’imagination sociale et politique.
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