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Paraíso Maldito

Commissaire: Bettina Pérez Martínez
02/02/23 - 09/03/23

PROGRAMMATION
À PROPOS DE L'EXPOSITION

Accédez ici à l'exposition en ligne

Semaine #1

2 février 2023

Présentation de la programmation

Semaine #2

9 février 2023

Présentation de Bemba PR

Semaine #3

16 février 2023

Présentation de nibia pastrana santiago

Semaine #4

23 février 2023

Événement Nuit Blanche à Montréal

Semaine #5

2 mars 2023

Présentation de Patricia Encarnación

À PROPOS DE LA COMMISSAIRE
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Bettina Pérez Martínez est une commissaire, historienne de l’art et chercheuse portoricaine établie à Montréal, au Canada. Ses intérêts de recherche portent sur l'identité caribéenne, la diaspora et les pratiques de création de lieux, les études décoloniales et les politiques sur l'écologie et le changement climatique dans la région. Elle est boursière Bridging the Divides, une initiative financée par la Fondation Mellon et organisée par le Center for Puerto Rican Studies. Elle est titulaire d’une maîtrise en histoire de l’art de l’Université Concordia, à Montréal, Québec et d’un baccalauréat en gravure et en histoire de l’art de la State University of New York, à Purchase, New York.

«Mais dans nos brochures touristiques, les Caraïbes sont une piscine bleue dans laquelle la république exhibe le pied étendu de la Floride, tandis que des îles en caoutchouc gonflées oscillent et que des boissons avec des parapluies flottent vers elle sur un radeau». C'est ainsi que se vendent les îles honteuses de leur nécessité ; c'est l'érosion saisonnière de leur identité, cette répétition aiguë des mêmes images de service qui ne peuvent distinguer une île d'une autre, avec un avenir de marinas polluées, de transactions foncières négociées par des ministres, et tout cela mené au son de l'Happy Hour et le rictus d'un sourire. Quel est le paradis terrestre pour nos visiteurs ? Deux semaines sans pluie, un bronzage acajou et, au coucher du soleil, des troubadours locaux en chapeaux de paille et chemises à fleurs qui battent à mort «Yellow Bird» et «Banana Boat Song». Il y a un territoire plus vaste que cela - plus vaste que les limites posées par la carte d'une île - qui est la mer illimitée et ce dont elle se souvient.»

Derek Walcott, acceptation du prix Nobel de littérature, 1992

 

«Paradis» est un terme souvent utilisé pour décrire une représentation idyllique de paysages côtiers immaculés, dépourvus de toute présence locale, presque immobiles dans le temps, en attente d’une consommation étrangère. Depuis l'invasion coloniale européenne des Caraïbes, les termes «paradis» et «paradisiaque» ont été associés à la région en raison de son climat et de ses écosystèmes. Cette formule est souvent utilisée comme un outil stratégique exploité par l'industrie du tourisme, une industrie largement financée par le développement européen et nord-américain pour promouvoir un récit colonial des Caraïbes. L'industrie du tourisme dans les Caraïbes se préoccupe alors de recréer un paradis pour le visiteur, au prix de l'exploitation des paysages et des populations locales par la servitude, l'austérité et l'expropriation de leurs terres pour des développements côtiers.

 

Paraíso Maldito est une exposition et un programme virtuel qui examine le tourisme et son rôle dans le maintien et la perpétuation de ces récits coloniaux qui entravent le développement économique et affectent profondément les réalités sociales et politiques de la région des Caraïbes. En examinant et en contextualisant les réalités vécues qui affectent les Caraïbes, de l'expansion de la spoliation des terres aux luttes sociopolitiques à travers l'austérité et à la violence raciale et sexiste vécue, cette exposition présente les Caraïbes non comme une idylle mais plutôt comme une région affligée qui vit la colonisation et l'empire à travers l'industrie du tourisme.


Cette exposition s'inspire des écrits décoloniaux de Frantz Fanon dans Les Damnés de la Terre, où Fanon observe les effets déshumanisants de la colonisation, ainsi que des textes de Derek Walcott qui dénoncent et contestent cet arasement identitaire des Caraïbes par le biais du tourisme. Le tourisme est alors considéré comme une pratique qui favorise la déshumanisation, la dépossession et l'exploitation de ceux qui naissent, vivent et meurent dans les Caraïbes.

Bettina Pérez Martínez

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