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Crystal Z Campbell, Currency, digital video, stereo sound, 2'53" minutes, 2019

LES VÉRITÉS QUI DEMEURENT

Vernissage

Mercredi 5 avril 2023 de 17h30 à 20h

à la SBC galerie d'art contemporain

En compagnie de Sarah Nesbitt,

commissaire de l'exposition

Performance

sh|r|ed serge - Leah Decter

Jeudi 4, vendredi 5 de 14h à 18h30 

et samedi 6 de 13h à 17h30

Entrée libre, sans réservation

Plus d'information ici

Visite guidée
Vendredi 19, de 17h30 à 18h30 

Gratuit, ouvert au public, sans réservation

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ÉVÉNEMENTS

Crystal Z Campbell, Jeneen Frei Njootli,

Katsi’tsakwas Ellen Gabriel, tīná gúyáńí (seth cardinal dodginghorse & Glenna Cardinal)

05.04.2023 - 20.05.2023

Commissariée par Sarah Nesbitt

Je vais parler et vous allez m’écouter.

- seth cardinal dodginghorse, ouverture du périphérique sud-ouest de Calgary, 2021

La vérité de la nature violente et extractive du colonialisme de peuplement(1) est à la fois reconnue et mise à mal par les artistes de Les vérités qui demeurent. C’est par le son, le film, la sculpture, la peinture et l’installation que Crystal Z Campbell, Katsi’tsakwas Ellen Gabriel, tīná gúyáńí (seth cardinal dodginghorse, Glenna Cardinal) et Jeneen Frei Njootli donnent corps aux façons complexes dont l’autorité est établie, contournée et refusée. Pensant avec et au travers des espaces intimes et publics où la violence est exercée - y compris le conflit direct, la dépossession, la reconnaissance d’État et la relation déshumanisante à la valeur qui privilégie la propriété et la monnaie à la terre et à la vie - iels proposent que la plus grande menace pour ces systèmes soit peut-être le simple pouvoir de connaître ce qu’ils sont et ce qu’ils valent. 

 

Dans serious accessible impediments (2023), Jeneen Frei Njooti décrit le dépeçage d’un caribou avec son frère alors qu’iel porte son fils en bas âge sur son dos. Prenant place au moment qu’iel apprend le refus du statut d’autochtone de son fils, en raison du caractère pointilleux de la loi sur les Indiens, cette scène, et la performance qui en découle — l’éviscération d’un poisson sur la lettre offensive et la mise au feu de celle-ci — établissent Njooti et son fils dans un réseau d’êtres, de savoirs et d’appartenances qui défie les limites coloniales, tout en admettant les conséquences d’une mauvaise reconnaissance de ces dernières.

 

Se traduisant par mère ou maman, Inna # 2 (2019) du collectif parent/enfant tīná gúyáńí composé de seth cardinal dodginghorse et Glenna Cardinal, met en évidence une image d’archive représentant respectivement leur arrière-arrière-grand-mère et arrière-grand-mère, afin d’établir des liens avec leurs terres et de définir les paramètres de leur appartenance. De la monnaie désuète (pennies) cousue sur des bandes de laine imite l’autoroute qui leur a causé la perte de leur maison. Placée sur une couverture Pendleton, commandée pour l’occasion, racontant l’histoire de la lutte du chef Bullhead pour les droits sur ces terres désormais monétisées, Inna #2 rompt avec le récit ordonné du progrès et de la coopération, proposant une réflexion concise sur la myopie du colonialisme et la longévité de l’appartenance ancestrale.

D’une hauteur de 6 pieds et une largeur de 4 pieds, The Siege of Kanehsatà:ke (1992) de Katsi’tsakwas Ellen Gabriel s’apparente à un corps, confrontant les spectateurs par son échelle et ses sujets, marquant un moment historique qui plane dans les recoins de la mémoire publique comme un événement singulier, quelque chose qui s’est produit, mais qui est désormais terminé. L’effacement volontaire de l’existence de ce moment dans le continuum de trois siècles (et plus) d’agression coloniale est intégré au cœur même de l’approche du colonialisme.

Dans War Club (2000), Gabriel nous offre la générosité de la poésie : “Je regarde l’/ Héritage de nos/ Connaissances s’amenuiser/ à une étincelle/ Que seul mon souffle/ Peut allumer.” Réalisé à 8 ans d’intervalle et 10 ans après l’impasse de The Pines, la lecture conjointe de ces œuvres donne une image plus complète de l’endurance nécessaire pour vivre dans un refus quasi permanent.

 

L’évocation de la respiration dans la poésie de Gabriel nous amène à l’intérieur du corps comme l’un des lieux où la résistance vit et s’exprime. Nous pouvons parler haut et fort, nous placer en travers du chemin ou éviscérer un poisson. Alors que l’incarnation est implicite dans les autres œuvres, dans Currency (2019), de Crystal Z Campbell, celle-ci est centralisée sous la forme d’un son produit par le mouvement. Dans ce film, une femme se tient devant un fond blanc, ses cheveux tressés sont ornés de perles de bois et de cauris. Associé à la richesse, le cauris, qui était autrefois une forme de monnaie précieuse, retient son symbolisme. Elle inspire…et expire…bouge sa tête lentement, examinant le poids et la texture des cauris contre sa peau alors que ses mouvements déterminent et s’alignent sur le poids, le rythme et la cadence de ses mèches. En boucle dans la galerie, Currency est une expérience sonore et corporelle qui passe par plusieurs crescendos et decrescendos à des intervalles de trois minutes. En tant qu’œuvre de refus, Currency propose une réflexion à plusieurs niveaux sur la valeur et son attribution et sur la possibilité que notre valeur propre puisse être déterminée en dehors des modes de relation extractifs. 

 

En recourant à la rhétorique, à la bureaucratie et aux systèmes de récompense et de punition, les logiques coloniales et capitalistes veulent que le nous collectif oublie où et qui nous sommes, en s’appuyant sur des formes continues et multiples de dissociation pour fonctionner. En se tenant dans la vérité de qui iels sont et d’où iels viennent, ces artistes ne se contentent pas de nous rappeler de réfléchir à notre position, mais nous demandent urgemment de rester présents aux vérités qu’iels détiennent, ces vérités qui demeurent malgré les efforts considérables déployés pour les éliminer.

 

Sarah Nesbitt

1 - La logique d’extermination est au cœur du colonialisme de peuplement, qui est motivé par le désir d’habiter et finalement de remplacer - plutôt que d’exploiter - par la mort et/ou le mimétisme les peuples indigènes d’un lieu. Il se caractérise par le génocide, la dépossession et la transformation de la terre en propriété. Les colonies de peuplement comprennent, entre autres, les États-Unis, l’Australie, l’Afrique du Sud et Israël. Au Canada, des artistes comme le Groupe des Sept ont été employés pour promouvoir l’idée de terra nullius, ou «no man’s land», en dépeignant des paysages sauvages et indomptés, vidés de tous leurs habitants. Dans les colonies de peuplement, le colonialisme se poursuit.

GUIDE AUDIO
Guide audio
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Nous vous invitons à écouter ou à lire ces quelques mots, comme un guide qui vous aidera à vous ancrer et à créer un espace pour regarder et être avec les œuvres de cette exposition. Une transcription est disponible ici.

À PROPOS DES ARTISTES

Crystal Z Campbell est artiste multidisciplinaire, cinéaste expérimentale et auteurice d'origine noire, philippine et chinoise. Les œuvres de Campbell utilisent des documents d'archives négligés pour reconstituer les lacunes historiques et déterrer les secrets publics - des fragments d'information connus par beaucoup mais qui restent sous-entendus ou non-dits. Le travail de Campbell a été récompensé par le prix Guggenheim, le prix Creative Capital et le Harvard Radcliffe Fellowship, et a été projeté/exposé dans le monde entier. Campbell est professeur associé invité en Art/Étude des médias à l'université de Buffalo et vit à New York et dans l'Oklahoma.

 

Les travaux récents de Campbell utilisent des documents d'archives sous-estimés pour examiner les lacunes historiques dans le récit du massacre de Tulsa en 1921, revisiter les questions d'immortalité et d'éthique médicale avec la lignée cellulaire "immortelle" d'Henrietta Lacks, réfléchir au rôle d'un monument politique et au déplacement dans un paysage côtier suédois, et récupérer un film 35 mm d'un théâtre militant noir démoli à Brooklyn comme relique de l'embourgeoisement.

KATSI’TSAKWAS ELLEN GABRIEL

Katsi'tsakwas Ellen Gabriel est une artiste visuelle, documentariste et militante des droits de l'homme et de l'environnement, bien connue du public lorsqu'elle a été choisie par le peuple de la maison longue et sa communauté de Kanehsatà:ke pour être leur porte-parole lors de la crise d'"Oka" en 1990.

 

Elle est récemment diplômée de la New York Film Academy en réalisation de films documentaires, ce qui lui a permis d'acquérir de nouveaux outils pour ses activités de plaidoyer. Elle a participé à DOC NYC en novembre 2021 avec son premier film : Strong Spirits sur la question des pensionnats autochtones au Canada.

 

Depuis 1990, elle défend le droit à l'autodétermination des peuples autochtones et s'efforce de sensibiliser le public aux problèmes et aux réalités des peuples des Premières Nations. Mme Gabriel est membre du comité directeur d'Indigenous Climate Action, qui se penche sur les besoins et les solutions aux violations des droits de l'homme des peuples autochtones, à la crise climatique et aux droits environnementaux.

Jeneen Frei Njootli est un.e artiste Bi-spiritiel.le queer Vuntut Gwitchin, tchèque et néerlandaise. Iel vit et travaille dans son territoire d'origine d’Old Crow, au Yukon. Iel a eu l'occasion de travailler avec de nombreux mentors et détenteurs de savoir au fil des ans. Frei Njootli est également titulaire d'une maîtrise en beaux-arts de l'Université de la Colombie-Britannique et d'un baccalauréat en beaux-arts de l'Université Emily Carr.

 

Investie dans la souveraineté autochtone et la décolonisation et préoccupée par la production, la diffusion et l'incarnation des images, la pratique de Frei Njootli prend la forme de performances, de sons, de textiles, d'images, de collaborations, d'ateliers et d'érudition sauvage.

TĪNÁ GÚYÁŃÍ
(seth cardinal dodginghorse & Glenna Cardinal)

tīná gúyáńí (signifiant Route du cerf en Tsuut'ina) est un collectif d'artistes mère-enfant de Guts'ists'i (Calgary) lancé en 2019 et composé Glenna Cardinal et seth cardinal dodginghorse. Leur travail conjoint des matériaux et des concepts traditionnels Tsuut'ina/Niitsitapi dans un cadre contemporain. En 2014, ils ont été déplacés de force de leurs maisons et de leurs terres ancestrales sur la réserve de la nation Tsuut'ina pour la construction de la Southwest Calgary Ring Road, une autoroute à plusieurs voies.

 

L'œuvre de tīná gúyáńí explore l'histoire de leur famille et leur relation à la terre, ainsi que la manière dont elles ont été affectées par les impacts politiques, environnementaux et psychologiques du périphérique du sud-ouest de Calgary. Ces explorations ont pris la forme d'installations, de sculptures, de performances, de peintures, de photographies, de médias numériques, de films et de sons. Leur processus créatif implique l'apprentissage auprès des aînés de leur communauté et la recherche au sein d'institutions telles que les musées, les archives et les bibliothèques.

À PROPOS DE LA COMMISSAIRE

Sarah Nesbitt est une travailleuse culturelle, écrivaine et commissaire indépendante basée à Tio'tia:ke/Montréal. De 2016 à 2018, elle a été commissaire adjointe au Plug In Institute of Contemporary Art sur le territoire du Traité 1, à Winnipeg. Entre 2018 et 2021, elle a travaillé avec Noor Bhangu et Mariana Muñoz Gomez sur window winnipeg, un projet d’espace artistique à Winnipeg ouvert pendant 24 heures, créant une stabilité financière et collaborant pour amener des artistes nationaux et internationaux dans une minuscule vitrine au cœur du Exchange District.

 

Sarah est passionnée par la création d'opportunités qui permettent l'engagement dans une pratique artistique critique qui offre des alternatives aux forces normatives qui structurent nos vies quotidiennes sous le capitalisme, l'hétéro-patriarcat et la suprématie blanche.

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