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AFRICA IS THE FUTURE
Échos et réponses
ÉVÉNEMENTS

Vernissage

12 septembre -17h30:

18h : Performance “Noir Silence” de Nicolas Premier

Gratuit, sans réservation 

C'est aussi la Rentrée du Belgo!

Veniez découvrir toutes les galeries, centres d'arts et studios d'artistes qui ouvrent leur portes le soir du 12 septembre. Pour la liste des 18 lieux ouverts, consultez belgo.art ou l'événement Facebook.

18 septembre - 18h:

Primordiale : Une rétrospective de Nicolas Premier

Cinéma Public

Projection de films et discussion avec

Cécilia Bracmort et Nicolas Premier

Gratuit, sans réservation, premier arrivé, premier servit!

D'autres événements sont à venir ! 

Restez à l'affût pour plus d'informations.

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NICOLAS PREMIER

13.09.2024 - 09.11.2024

Commissariée par Cécilia Bracmort

Africa Is The Future : Échos et Réponses est une exposition-programmation qui met en lumière l'œuvre-rituel de l’artiste franco-congolais Nicolas Premier. Réalisé sur plus de vingt ans, ce projet explore les expériences panafricaines et afro-descendantes, à travers le temps et les territoires. Respectant l’aspect rituel de l’œuvre, le projet suit le cycle lunaire avec des événements satellites, favorisant la rencontre entre l’artiste et la scène artistique montréalaise.

Il ne s’agit pas d’en finir avec l’universel, mais d’en finir avec cet universalisme vertical qui érige l’Occident en mesure de toute culture et histoire, celui qui surplombe, assoit et qui domine, à la faveur d’un « universel vraiment universel », comme l’imagine Souleymane Bachir Diagne, un universel qui rassemble, qui écoute et qui célèbre la rencontre.

Malcom Ferdinand, Une écologie décoloniale  

 

The mass media do not transmit ideologies:

they are themselves an ideology.

Umberto Eco, Travels in Hyperreality   

 

Within the community everybody has the right to teach and to be taught. Education is a matter of reciprocity.

True Knowledge is acquired through sharing.

Proverbe Kongo  

 
 

Ma rencontre avec l’œuvre de l’artiste franco-congolais Nicolas Premier remonte à 2020. Diffusé par épisodes à l’époque, le film Africa Is The Future m’a bouleversé par sa manière d’aborder l’expérience panafricaine et afro-descendante, ainsi que par sa poésie profonde. Surprise par le manque de visibilité du projet, j'ai cherché un moyen de le mettre en lumière. L’opportunité s’est présentée lors d’un appel à propositions de la revue universitaire Racar, qui sollicitait des textes sur la préservation des récits historiques visuels des diasporas noires  . J’ai naturellement proposé de rédiger un compte rendu de l’œuvre  . J’ai pu ainsi contacter l’artiste pour un entretien afin de connaître davantage son processus artistique.

La pratique de Nicolas Premier est multifacette et multidisciplinaire. Elle reflète des influences variées, notamment la culture hip-hop et le jazz, qui reste encore visible dans la construction de ses films notamment Africa Is The Future. À la manière d’un DJ, Premier sélectionne des centaines de références cinématographiques, littéraires et culturelles, qu’il assemble dans un flux d’images orchestré, tout en laissant place à l’improvisation. Par sa maîtrise de l’art du « sampling » et du mixage d’images, Premier nous présente une œuvre percutante et spirituelle à bien des égards, mettant en lumière les héritages culturels du continent et de sa diaspora, la persistance de l’histoire coloniale dans notre quotidien et nos imaginaires, mais aussi de l’immanence de l’existence sur notre planète et l’univers qui nous entoure.  

Africa Is The Future (AITF) s’inscrit pleinement dans l’histoire du 21e siècle. Réalisé sur plus de vingt ans, ce projet protéiforme en perpétuel renouvellement a d’abord provoqué, questionné, et remis en cause la perception et la place du continent africain dans le monde. Ce changement de paradigme commence avec les attentats du 11 septembre 2001. À ce moment-là, Premier se trouve à Brazzaville et constate une grande différence de traitement entre la mobilisation internationale en faveur des États-Unis et le silence assourdissant face aux atrocités de la guerre civile au Congo-Brazzaville de 1993 à 2002 qui a permis à l’actuel président Denis Sassou-Nguesso de reprendre les rênes du pouvoir  . Ce manque de considération fait écho au traitement médiatique actuel des conflits en République Démocratique du Congo, au Soudan, en Palestine et au Yémen, où les faits sont souvent réduits ou déformés, laissant implicitement entendre que, pour la communauté internationale, certaines terres et certains corps sont perçus comme destinés à la souffrance, et que leur malheur ne surprend personne  . Cette indifférence est le résultat d’une construction mentale issue du système colonial.

Pour sa première canadienne, le projet Africa Is The Future entame sa nouvelle mue en prenant la forme d’une exposition-programmation immersive, mêlant photographie, vidéo et éléments d’archives. Divisé en trois sections, l’espace d’exposition débute par les premières évolutions du projet. Les collections de T-shirts de la marque éponyme, créées dès 2004, instaurent immédiatement un ton provocateur en liant les mots "Afrique" et "Futur". Dès le début, l’objectif de AITF est de bouleverser les idées reçues sur le continent. Le projet connaît un succès international et reçoit un soutien massif de la communauté musicale, illustré ici par des montages vidéo d'archives de l'époque. Dans les années 2010, le projet évolue pour célébrer les dix ans de la marque avec la création des AITF Covers. Cette série de couvertures de magazines imaginaires parodie sous un angle afrofuturiste les codes du photojournalisme, notamment du magazine américain LIFE. Grâce à un sens de l’ironie corrosif, ces œuvres retournent à 180 degrés les stéréotypes occidentaux sur l’Afrique tout en illustrant une vision d'un continent prospère, maître de son destin, exerçant une influence culturelle et politique majeure dans les années 2030. ​​

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La salle principale, nous place dans un espace immersif avec deux photographies de rivages réalisées par l’artiste et diffuse le film AITF. Empreint de la spiritualité Kongo, AITF est un film rituel où la structure cyclique transcende les notions de temporalités et du réel. Intrinsèquement lié à la notion du future-past   portée par le Manifeste Afro-Surréaliste, le film capture différents éléments de vies, d’histoires qui, par leur assemblages et/ou superposition, révèlent d’autres perceptions et expériences du monde.  

À l’instar de la récurrence de l’eau et de l’espace, éléments primordiaux à notre existence, AITF montre la grande ambivalence de l’univers. À la fois, espace de vie et de mort, de création et de destruction, ces deux eaux (eaux supérieures et l’océan) sont des lieux de passages de corps terrestres ou célestes continuellement en mouvement. L’image du rivage renforce cette notion d’un entre-deux dont la limite n’est jamais clairement définie. Habituellement présenté en ligne lors de soirée de nouvelle lune, le film est diffusé en continue durant tout le temps de l’exposition créant symboliquement une sorte de dilatation du temps où la période de la nouvelle lune de l’exposition a pour équivalent le temps de deux véritables cycles lunaires  . Un espace bibliothèque est également à disposition pour consulter des livres et des articles sélectionnés par l’artiste et moi-même. Ces ouvrages en lien avec les nombreux thèmes du film, est une belle occasion, pour qui le souhaite, de prolonger sa réflexion sur le sujet.

En parallèle de l’exposition, une programmation satellite a été conçue pour créer des moments de communion à travers diverses participations artistiques et événements. Respectant l’aspect rituel de l’œuvre, ce programme suit les phases de la lune, favorisant la connexion de l’œuvre au contexte afro-canadien. Des deux côtés de l’Atlantique, le refus de reconnaître les discriminations, le racisme systémique et les violences qu'ils engendrent, effacent et contraignent les voix afrodescendantes. Par ces échanges, l’œuvre de Nicolas Premier ne fera que résonner davantage, trouvant un écho encore plus puissant avec le public montréalais. Discussions et projections de films, permettent de découvrir l’étendu du travail de Nicolas Premier.
Cette approche amplifie également l’impact de AITF, qui déconstruit et purifie les imaginaires, tout en renforçant le sens de la communauté cher à Premier. Elle favorise le partage de connaissances et de stratégies pour surmonter les défis actuels, permettant ainsi de réfléchir, de rêver et d’imaginer les bases d’un avenir plus juste et plus équitable.


 

Cécilia Bracmort

1 - Ferdinand, Malcom, Une écologie décoloniale. Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Paris, Éditions du Seuil, 2019, p. 408.

2 - Eco, Umberto, Travels in Hyper Reality: Essays, translated by William Weaver, Boston, Houghton Mifflin Harcourt, 1986, p. 193.

3 - Bunseki Fu-Kiau, Kimbwandende Kia, African Cosmology of the Bantu-Kongo: Tying the Spiritual Knot, Principles of Life and Living, New York, African Tree Press, 2001, p. 100.

4 - Edmonds, Pamela and Joana Joachim, eds. RACAR, vol. 47, no. 2, 2022, pp. 1-141.

5 - Bracmort, Cécilia. “Africa Is The Future: Un Film de Nicolas Premier: Aux Confluences Des Expériences Africaines et Afrodescendantes Qui Transcendent l’espace temps–Ou Comment Guérir de Traumatismes Répétés?”, RACAR, 47, no. 2, 2022, pp. 15–28.

6 - Denis Sassou-Nguesso, surnommé « l’Empereur » a été président de la République du Congo de 1979 à 1992. Après sa perte aux élections face à Pascal Lissouba en 1992, s’ensuit une série d’affrontements entre leur milice respectives et se transforme en guerre civile, avec un décompte de plus de 30 000 morts. Sassou-Nguesso reprend le pouvoir après un coup d’État en 1997. Il entame actuellement son quatrième mandat depuis 2021.

7 - Principe de proximité ou la loi du mort-kilomètre est un principe journalistique qui repose sur l’idée que les sujets et événements proches géographiquement et/ou culturellement du lecteur l’affecte et l’intéresse plus fortement qu’un événement qui se déroule ailleurs dans le monde.

8 - La notion du future-past développée dans le Afrosurreal Manifesto de D. Scot Miller est comme une fusion du passé et du futur qui révèle une réalité alternative qui au final met en lumière l’expérience noire bel et bien au présent (Right Now).

9 - Soit 58 jours. Un cycle lunaire, qui est le temps entre deux nouvelles lunes, est de 29 jours. Pour les besoins de l’exposition nous commençons avec la phase du premier quartier de lune en raison de la date anniversaire du projet.

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L'ARTISTE
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Nicolas Premier

www.nicolaspremier.com

À travers sa pratique vidéo, photographique et installative, Nicolas Premier interroge modernité et contemporanéité à partir d'expériences et de savoirs dites "hors champ". Il explore les liens d'emprunts mutuels et d'éblouissements qui existent entre et envers les diasporas africaines. Ses co-créations transdisciplinaires visent à déployer sa pratique en tenant compte des contextes et espaces de monstration, notamment avec son projet AITF, entité fluctuante et terrain d'expérimentations formelles et conceptuelles.


LA COMMISSAIRE
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Photo: Manoucheka Lachérie
Cécilia Bracmort

www.ceciliabracmort.com

 

Cécilia Bracmort est une artiste et commissaire franco-canadienne vivant à Montréal. Son héritage caribéen influence ses pratiques artistiques et curatoriales, qui sont axées sur les notions d'identité - individuelle ou collective -, de mémoire et d'histoire.

Par ces projets, Bracmort crée des ponts entre des thèmes tels que l’écologie, les traumatismes ou la mythologie. Ainsi, elle encourage les gens à sortir des sentiers battus et les invite à voir le monde sous des jours nouveaux.


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