Comment les pratiques artistiques nous rapprochent-elles de notre présent ? Comment entrent-elles en résonance avec notre devenir ? Est-il possible d'esquisser le panorama complexe d'une vaste région géographique et politique à travers des fragments ? Avec ces questions comme point de départ,  Chroniques : résonances propose de réfléchir aux problèmes contemporains qui touchent nos régions – se déployant  à partir du Mexique, mais aussi vers le sud et le nord du continent par le biais d’exercices d'imagination, des gestes de résistance et de processus de mémoire.   

D’une part, nous nous approprions le mot "chronique", pour faire référence au cyclique, à ce qui revient de manière répétée et fait partie de nos processus sociaux et quotidiens. D'une autre part, cette notion renvoie aussi à la microhistoire, qui est racontée à la première personne et qui, dans son caractère fragmentaire et local, déborde et nous donne des indications sur une plus ample réalité. La chronique fait écho à un genre littéraire emblématique de l'écriture latino-américaine qui, selon l'écrivain Martín Caparrós, est "la petite histoire qui peut en raconter beaucoup d’autres. La goutte qui est le prisme de tant d'autres".    

Chroniques : résonances  est une exposition collective dans laquelle le langage audiovisuel fonctionne comme un espace où s’articulent les préoccupations et les approches autour de contextes et de problèmes communs de la deuxième décennie de ce siècle (2011-2021), en mettant l'accent sur la performance, l'art processuel et l'expérimentation visuelle.  Dans cette recherche, nous avons délimité la rumeur du présent à travers des réflexions spécifiques regroupées en nœuds thématiques qui entrent en dialogue les uns avec les autres.  Ils mettent en évidence l'importance de remuer la mémoire singulière et collective, l'urgence de contester le patrimoine et la charge symbolique de ses monuments ; mais ils questionnent aussi la manière dont les inégalités systémiques sont transmises au champ artistique, et comment, à partir de là, s'élèvent les résistances au patriarcat, au racisme et aux inégalités sociales. Ainsi résonnent, dans cette proposition, les processus de dénonciation et de résilience autour de réalités qui nous dépassent et nous affligent sans cesse, telles que les disparitions et la violence de genre.

Dans cette perspective, l'exposition oscille, d’une part, entre des pièces qui résonnent à partir du corps qui se confronte à l'expérience personnelle et à son environnement, et de l’autre, celles qui enregistrent la mémoire commune, l'environnement social et politique du point de vue artistique individuel et collectif.   Dans les œuvres, on peut percevoir une esthétique qui se nourrit de l'évolution cyclique des contextes géographiques que nous habitons et partageons au quotidien. Dans l'ensemble, les œuvres engendrent des échos et des cycles narratifs qui font allusion à ce qui est chronique qui se déploie dans le vaste dialogue autour de notre territoire. 

Maribel Escobar Varillas, Melisa Lio, Valeria Macías Rodríguez, F. Tito Rivas

Décembre 2021

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